Clowns Sans Frontières © Thomas Louapre – Sénégal 2021

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Une nouvelle intervention artistique au Sénégal !

Clowns Sans Frontières se rend au Sénégal, du 2 au 21 octobre, pour une nouvelle intervention artistique. Comme les années précédentes*, les artistes français s’associent à des artistes sénégalais de la compagnie SenCirk.

 

Le Sénégal présente l’un des Indices de Développement Humain (IDH) les plus faibles au monde atteignant le 170e rang sur un total de 188 pays. Le pays est confronté à une croissance démographique importante (+2,6% par an selon la Banque Mondiale), là où 38% de la population vit sous le seuil de pauvreté.

 

A qui s’adresse cette nouvelle intervention et dans quel contexte ?

La moitié de la population sénégalaise a moins de 18 ans, et plus d’un enfant sur quatre travaille précocement, soit plus de 2 millions d’enfants. Dans les zones urbaines, les enfants en situation de rue représentent un enjeu majeur. Le gouvernement a lancé un plan national de lutte contre la mendicité de ces jeunes en situation d’extrême pauvreté.

Parmi eux, près de 200 000 enfants talibés, dont 25% seraient contraints de mendier rien qu’à Dakar (cf. étude de l’ONG Global Solidarity parue en 2018). Ces enfants, de 5 à 18 ans, sont confiés par leurs parents, souvent issus de familles rurales très modestes, à des maîtres coraniques (ou marabout). Placés dans les “daaras” (écoles coraniques), beaucoup viennent de pays voisins (Guinée et Gambie). Ces enfants en situation de grande précarité, sont majoritairement touchés par des problèmes de malnutrition et de santé, subissent pour certains des violences, et finissent parfois par être incarcérés.

Les conditions de détention au Sénégal, constituent en elles-mêmes des traitements inhumains et dégradants. Le Sénégal compte 37 prisons, héritées presque toutes de l’administration coloniale française. Selon l’Organisation Mondiale contre la Torture (OMCT) la population carcérale a doublé au Sénégal en 20 ans, passant de 4891 détenus à 11547 en 2019. La capacité de détention actuelle est limitée à 4224 pour une population carcérale pouvant atteindre des pics de 12000 détenus. Selon le représentant des droits humains du Sénégal, Soulèye Diouf, 334 mineurs sont en détention au Sénégal dont 142 incarcérés à la prison de Fort B (Dakar) en 2022.

Le Sénégal ne compte que deux centres de détention pour mineurs, même si certaines prisons sont équipées de quartiers pour mineurs. Cependant, les conditions de détention (surpopulation, promiscuité, absence de suivi psychologique, locaux vétustes, insuffisante prise en compte des besoins spécifiques des mineures, notamment des jeunes filles et un manque d’accompagnement à la réinsertion) rendent les mineurs d’autant plus vulnérables. Ces enfants sont sujets à une grande détresse psychologique due à leurs conditions de vie et au manque de prises en charge adaptées à leurs besoins.

Enfin, la tension politique est importante à l’approche des élections présidentielles. Des manifestations contre le régime du président actuel, Macky Sall ont eu lieu dans tout le pays jusqu’au mois d’aout 2023, et ont occasionné de violents heurts entre forces de l’ordre et manifestants. Des représentants et sympathisants de l’opposition ont été emprisonnés, dont le leader de l’opposition Ousmane Sonko.

En savoir plus : Courrier International “Le Sénégal un pays déjà fracturé à un an de l’élection présidentielle”

Le projet et ses objectifs

Clowns Sans Frontières et SenCirk considèrent, de par leur expérience, que l’accès à la pratique artistique et au spectacle vivant contribuent à répondre aux besoins d’accompagnement social des enfants en situation de vulnérabilité, notamment en termes d’insertion sociale et d’émancipation. Il participe également à l’effectivité des droits culturels.

Le projet proposé par CSF, Sencirk et ses partenaires (Pour le sourire d’un enfant, Keur talibé Ndar et le Ministère de la Justice du Sénégal), s’inscrit dans une volonté commune de faire respecter les droits des enfants et de faire reconnaître les arts du cirque au Sénégal, comme vecteur de bien-être et d’inclusion sociale mais également comme une discipline à part entière. Il vise également à accompagner Sencirk dans son programme de développement dans le secteur de la formation professionnelle des artistes et du cirque social.

 

Concrètement, le projet consiste à :

  • Mener des ateliers artistiques autour des arts du clown et du cirque (théâtre, acrobatie, jonglerie) auprès d’enfants talibés et de mineurs en prison à Thiès, Saint-Louis et Dakar.
  • Une sortie d’ateliers, sous forme de spectacle, sera présentée aux autres enfants, travailleurs sociaux du lieu, et habitants permettant la valorisation de l’apprentissage des participants.
  • En parallèle, des ateliers de renforcement des compétences de notre principal partenaire SenCirk seront organisés, sur des aspects structurels et artistiques.

Les objectifs du projet sont multiples :

  1. Participer à la lutte contre l’exclusion sociale
  2. Contribuer au bien-être des enfants vulnérables et marginalisés en leur offrant une « bulle de répit »
  3. Enrichir et développer les compétences artistiques des artistes sénégalais par l’approche clownesque
  4. Renforcer la structure de SenCirk en vue d’une pérennisation locale des interventions artistiques et sociales

 

Avec le soutien de l’Agence Française de Développement (AFD) et l’Institut Français via le programme Accès Culture, le Ministère de la Culture et l’Ambassade de France au Sénégal.

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