Depuis de nombreuses années, Clowns Sans Frontières constate les difficultés de prise en charge et d’inclusion auxquelles sont confrontées les personnes en situation d’exil en France. La crise sanitaire a accéléré le développement de nouveaux projets et partenariats sur le territoire national, toujours dans le but d’apporter un soutien psychosocial aux enfants et adolescents exilés et en situation de grande vulnérabilité, à travers le rire et le spectacle. Le 27 novembre 2021, des artistes de Clowns Sans Frontières se sont ainsi rendus au Centquatre pour une première journée d’atelier destinés aux enfants, aux adolescents et aux parents suivis par le Centre Primo Lévi. Il s’agit du premier partenariat de long terme entre les deux structures qui développeront ce projet de novembre 2021 à juillet 2022.
Contexte
Dans son centre de soins situé à Paris, le Centre Primo Levi prend en charge des hommes, des femmes, des familles, des enfants et adolescents exilés qui ont subis ou été témoins de violences, de persécutions ou de massacres liés à la guerre, à l’appartenance ethnique ou religieuse, au genre, etc. dans leur pays et qui ont dû fuir pour sauver leur vie. Un nombre important de familles ont été disloquées – que ce soit pendant les événements violents subis au pays, au moment de la fuite ou durant le voyage. Beaucoup sont monoparentales, un des parents ayant été tué ou ayant disparu. Le centre de soins accueille également beaucoup de mineurs non accompagnés qui ont perdu leurs parents ou sont sans nouvelles d’eux.
Après les nouvelles épreuves traversées sur le chemin migratoire, ces personnes sont confrontées en France à la précarité, à l’isolement, à l’insécurité et à la suspicion. Ces parcours traumatiques ont laissé des traces profondes sur les adultes comme sur les enfants qui ont été exposés à la terreur, à la mort et au désarroi de leur(s) parent(s) qui se prolonge dans l’exil. Les conditions de vie déplorables en France accentuent les souffrances, le sentiment d’insécurité et d’exclusion. Cette insécurité et instabilité les empêchent parfois de se projeter, d’imaginer un avenir, de rêver. Ces enfants et adolescents ont par ailleurs été considérablement affectés par la pandémie liée au Covid-19 et subissent directement les conséquences socio-économiques de la crise sanitaire.
>> Plus d’informations sur le site du Centre Primo Lévi
« Les interventions artistiques de CSF permettent de créer des liens entre les enfants, entre les parents, entre les enfants et les parents. Ce sont des espaces très précieux de partage, pour rompre l’isolement et créer du collectif. Ce point a été très visible et apprécié. Les participant.e.s se reconnaissent et se saluent régulièrement au Centre Primo Levi. Cela nous a permis également de consolider des liens de confiance, notamment avec les enfants. » Témoignage d’Adèle Legros, Centre Primo Lévi
Offrir un espace d’expression et de jeu
Dans ce contexte incertain et anxiogène, il est plus que jamais indispensable de pouvoir répondre à leurs besoins d’enfants, de rire, de s’émerveiller, de s’émouvoir, de rêver. Les ateliers seront proposés à deux groupes de bénéficiaires, tous exilés et victimes directes ou indirectes de la violence politique, suivis au Centre Primo Lévi :
- Des enfants de 3 à 10/11 ans qui seront accompagnés par leur(s) parent(s). Une majorité de ces enfants sont orphelins de père ou de mère.
- Des jeunes autonomes, adolescents et mineurs non accompagnés (MNA), âgés de 15/16 ans à 22 ans.
Au total, les artistes interviendront auprès d’une quarantaine de jeunes et d’une dizaine de parents. Ces ateliers artistiques ont pour but d’offrir aux patients du Centre Primo Lévi un nouvel espace d’expression et de jeu leur permettant de sortir de la dureté du quotidien, de vivre de nouvelles expériences et des moments de partage en famille et avec d’autres enfants, d’exprimer leurs émotions et de développer leur imaginaire.
Cette première expérience de long terme doit également permettre à notre équipe d’envisager l’essaimage de ce projet avec d’autres associations en France.
