Les nombreuses missions de CSF à l’étranger n’ont pas empêché l’association, dès 2011, d’être sensibilisée par les conditions de vie indignes des personnes fragilisées par des parcours migratoires traumatisants et cherchant refuge en France.
Soucieux d’apporter leur appui, les artistes bénévoles de CSF se sont alors produits dans les camps informels de la région Hauts-de-France et auprès des Mineurs Isolés Etrangers (MIE) en Ile-de-France.
CSF fait le constat que, malgré les nombreux dispositifs existants et initiatives prises tant par le secteur associatif que par les citoyens, trop de personnes en situation d’exil n’ont pas accès à l’art et la culture et à l’impact positif qu’ils apportent en termes d’insertion dans la société d’accueil, de création d’un sentiment d’appartenance à une communauté, de pouvoir d’agir et de bien-être.
De plus, les publics auxquels s’adresse CSF ont été considérablement touchés par la crise liée à la Covid-19 au niveau économique, social et bien sûr sanitaire, comme le révèle une enquête de Médecins Sans Frontières. C’est pourquoi, en 2021, il parait primordial pour notre association de consolider nos actions en France en mettant notre expertise à profit des publics exilés sur notre territoire, en particulier les enfants. Ces derniers sont parmi les plus impactés par les difficultés accrues qui sévissent sur notre territoire depuis mars 2020.
Le contexte d’intervention et l’importance du soutien psychosocial
En cas de crise humanitaire ou sociale en France ou à l’étranger, ONG et acteurs du champ social tentent de répondre en urgence aux besoins primaires des populations qui en sont victimes pour assurer leur survie (alimentation, hébergement, hygiène, etc.).
Afin de préserver la santé non seulement physique mais aussi mentale de ces personnes, il est primordial d’également pouvoir répondre à leurs besoins en soutien moral et psychique face à ces situations de crises ou de grande vulnérabilité. Celles-ci ont un impact social et psychologique sur les populations : stress, tension, anxiété, isolement… Si un soutien psychosocial n’est pas apporté à ces personnes, les conséquences peuvent être lourdes, tant pour l’individu que pour la société dans son ensemble (difficultés d’insertion sociale, menace pour l’équilibre du groupe au niveau familial et sociétal, risque de développement de troubles psychiques, coût économique des prises en charge à postériori, etc.).
L’art possède un pouvoir transformateur sur les personnes qui le pratiquent. Il peut avoir un impact sur le bien-être en donnant accès au plaisir esthétique, sensoriel, émotionnel. En outre, les pratiques culturelles ou artistiques permettent aux personnes de créer du lien. Cette cohésion sociale est également fondamentale, tant pour l’équilibre individuel que pour celui du groupe.
En tentant de diminuer l’incidence des crises sur la santé physique et mentale des populations traumatisées, Clowns Sans Frontières contribue à répondre aux besoins psychosociaux de ces populations. Les personnes en situation d’exil ne bénéficient que rarement d’une réelle prise en charge visant à soigner ces blessures morales, et ont donc besoin d’interventions comme celles proposées par CSF. Les enfants sont, eux, d’autant plus vulnérables quand ils sont séparés de leurs parents ou que ceux-ci subissent eux-mêmes des difficultés psychosociales et ne sont plus en mesure de répondre pleinement à leurs besoins. [1] Ces enfants ont tendance à grandir « trop vite ». CSF intervient donc pour ramener à eux cette part d’enfance que leur contexte de vie les a forcés à mettre de côté pour résister à la brutalité du quotidien.
L’expertise de CSF appliquée à la France
Forte de ses 27 années d’interventions à l’étranger, CSF possède une expertise qu’elle transpose auprès des publics exilés en situation de grande vulnérabilité en France.
Comme à son habitude, CSF travaille toujours en lien avec un partenaire du champ social (Emmaüs Solidarité, Les Enfants du Canal, La Timmy, Médecins du Monde, le CASP, etc.) afin que son intervention s’inscrive en complément du travail d’accompagnement déjà mené auprès du public bénéficiaire.
Pour chaque projet mené en France, l’association choisit un.e responsable artistique : un.e artiste ayant les qualités humaines et professionnelles requises et qui a déjà effectué plusieurs missions pour CSF. Il/Elle forme et coordonne l’équipe d’artistes qui interviendra auprès des bénéficiaires.
Aucune intervention n’est écrite à l’avance. Chaque partenariat fait l’objet d’une création spécifiquement adaptée au public bénéficiaire. Un travail de « repérage » est effectué auprès du partenaire et du public accompagné afin de comprendre le contexte d’intervention, les besoins, problématiques et contraintes du public, et le type d’accompagnement mené par les travailleurs sociaux. Il s’agit de proposer une intervention artistique qui viendra compléter l’accompagnement déjà en place tout en prenant en compte les spécificités du public afin de formuler une proposition respectueuse à laquelle il puisse s’identifier.
Les interventions peuvent avoir lieu sur les lieux de vie des bénéficiaires via la création d’un espace neutre et sécurisant pour eux, ou dans un lieux culturel tiers. Les travailleurs sociaux sont encouragés à y assister afin d’être sensibilisés à l’importance d’intégrer ce type d’interventions dans leur accompagnement social, mais aussi pour constituer de vrais temps d’échange entre eux, les artistes et le public bénéficiaire.
[1] Lou Einhorn, Vincent Tremblay, Halima Zeroug-Vial, « Reconsidérer les frontières du soutien en santé mentale », Rhizome n°73 – Aux frontières de l’humanitaire (octobre 2019), Le Bulletin National Santé mentale et Précarité.