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Tesfahun Mergia
directeur d'Arba Minch Circus
Tesfahun Mergia est le directeur du cirque social Arba Minch Circus, dans le sud de l’Ethiopie. Clowns Sans Frontières s’y est rendu pour la première fois en 2017, afin d’y réaliser un atelier avec les jeunes membres de l’école de cirque. L’année 2019 a vu ce partenariat évoluer avec l’intégration de Barich et Kefeni, deux artistes acrobates contorsionnistes d’Arba Minch, à l’équipe artistique de CSF.
Le directeur du cirque associé au projet de CSF répond à trois questions sur ce partenariat :
Selon toi, que peut apporter le cirque à des enfants en difficulté ici, en Ethiopie ?
Lorsque j’ai créé Arba Minch Circus, mon intention était d’aider les enfants des rues, pour qu’ils se sentent importants pour leur communauté. On veut faire de ces enfants une fierté pour leur famille et leur communauté, et non un fardeau. Quand ils viennent ici, ils sont traités de manière égale. Ici on emploie une sorte d’approche inclusive, pour que les enfants des rues, comme les autres, apprennent les uns des autres, de la manière dont ils parlent, de la manière de se comporter… Ils développent de bons liens de solidarité entre elles et eux ici ; c’est une grande famille, avec des relations fortes.
On peut dire que l’école de cirque est un endroit où guérir, pour les enfants des rues en particulier. Parce que, parfois, ils ont perdu l’affection, l’amour, tout, dans la rue. Ils sont devenus très vulnérables. Après un temps, ils parviennent vraiment à s’identifier et ensuite ils deviennent fiers, et pas seulement pour eux-mêmes, mais aussi pour le reste de la communauté. A travers le cirque, ils peuvent devenir résilients, ils peuvent être autonomes. Ils changent leurs modes de vie et ils savent que le cirque peut être une chance de s’exprimer et montrer ce qu’ils ont en eux. Les enfants peuvent ensuite devenir un modèle ici, au sein de leur communauté et de cette école, plutôt que de se tourner vers quelqu’un de l’étranger.
Je suis très fier de ce cirque, parce qu’on l’a fait ! Vous savez, on n’a pas assez de matériel, on n’a pas assez de d’équipement… mais on a assez d’amour. C’est suffisant pour nous. On a assez de respect, on a besoin de chacun.e individuellement. Tout le monde est content de partager ce qu’il ressent et ses connaissances. Ça nous rend vraiment plus forts ; limités financièrement mais avec cette qualité-là. On promeut le cirque dans notre communauté et on promeut et on enseigne à la communauté que chaque enfant a son propre rêve, son propre souhait, son propre potentiel. Il s’agit de créer une occasion de trouver ce qu’ils ont en eux. Donc c’est ce qu’on fait.
Que retiens-tu de l’expérience de partenariat entre CSF et Arba Minch Circus ?
Ici on se trouve dans le sud de l’Ethiopie et souvent les activités circassiennes y sont méconnues. On est assez isolés. La venue de Clowns Sans Frontières ici, dans notre école à Arba Minch, nous donne du crédit, de la reconnaissance, une visibilité. Pour cela on est très reconnaissants envers CSF.
Kefeni et Barich n’avaient jamais eu ce genre d’expérience de formation. Les artistes ont aussi animé un atelier pour les enfants de l’école de cirque ; c’est très important pour nous parce que c’est la dernière pièce du puzzle. Plutôt que de donner du poisson à quelqu’un de pauvre, lui apprendre à pêcher est plus durable ! Lorsque les artistes de CSF proposent un atelier, ça nous permet de faire par nous-mêmes, d’apprendre de nouvelles techniques. Parce qu’ils partagent avec nous leurs trucs, quelques leçons acquises de leurs expériences, Clowns Sans Frontières est un bon partenaire pour nous.
Comment décrirais-tu l’action menée par CSF ?
Clowns Sans Frontières est un messager du cirque, ou du clown. Vous savez, si vous détenez ça, vous devez le partager et vous devez faire en sorte que les gens vous suivent ou soient capables de faire comme vous. Ça signifie que vous êtes réel, quelque chose de vrai. C’est la raison pour laquelle [pour moi] Clowns Sans Frontières ce sont « de vrais clowns ».