Suite au report du projet dû au COVID-19 prévu en 2020, puis en 2021, les artistes de Clowns Sans Frontière se rendront en Egypte du 21 novembre au 12 décembre 2022. Ils interviendront enfin auprès d’enfants en situation de rue ou de grande précarité, en collaboration avec les artistes du collectif égyptien Outa Hamra et l’Association de La Haute-Egypte pour l’Education et le Développement.
Quel est le contexte d’intervention en Egypte ?
L’Egypte est le troisième pays le plus peuplé d’Afrique, avec une population de plus de 100 millions d’habitants, dont 33% avaient moins de 14 ans en 2020. Près de 30% des Egyptiens vivraient sous le seuil de pauvreté en 2019-2020.
Bien qu’étant l’un des premiers pays à avoir ratifié la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (1989), l’Égypte fait face à des défis majeurs en matière de protection de l’enfance. De nombreux enfants souffrent d’abus, de maltraitance, d’exploitation : enfants des rues, travail précoce et violence physique répandue à la maison et à l’école. Nombre d’entre eux manquent de soins appropriés.
- Près d’un enfant sur dix travaille, en particulier dans l’agriculture, d’après l’Organisation Internationale du Travail et l’Unicef.
- 1,4 million d’enfants entre 6 et 17 ans n’ont jamais eu accès à l’éducation ou ont dû abandonner l’école avant la fin du cycle primaire.
Depuis le soulèvement de la Place Tahrir qui entraîna la chute du dictateur Hosni Moubarak en 2011, l’Egypte est de nouveau sous le joug du régime autoritaire mené par le maréchal Abdel Fattah-al-Sissi. Réélu avec 97 % des voix en 2018, ce dernier a vu ses attributions renforcées après l’adoption référendaire. Il réprime toute opposition politique et critique de la société civile, et met sous contrôle les médias et la justice.
>>> En savoir plus : Rapport mondial 2022 – Egypte – Human Rights Watch
Situation des enfants des rues
Aucune étude précise sur le nombre d’enfants vivant à la rue en Egypte n’existe à ce jour. L’Unicef estime qu’il serait des dizaines de milliers dans le pays. La crise économique qui a traversé l’Egypte a amplifié le phénomène. Ces enfants vivent de petits boulots ou de mendicité, ce qui les rend particulièrement vulnérables, exposés à diverses violences et menaces.
Cette situation a poussé des associations à se mobiliser pour assurer leur protection et lutter contre les préjugés de la société à leur encontre. Une loi adoptée par le régime de Sissi en 2017 règlemente et restreint l’activité des organisations non gouvernementales qui ne peuvent aujourd’hui mener un travail de terrain ou d’enquête d’opinion sans autorisation préalable.
Près de 30 % des enfants égyptiens pourraient avoir souffert d’anxiété, de dépression et de compulsion obsessionnelle, suite aux violences liées à l’insurrection de la dernière décennie. Les enfants en situation de rue au Caire et dans les grandes villes du pays sont plus particulièrement affectés. En 2011, un programme de soutien psychosocial a été lancé par l’UNICEF.
La situation des réfugiés en Egypte
L’Égypte est un pays de transit et une terre d’accueil pour de nombreux réfugiés et demandeurs d’asile. D’après la Protection civile et Opérations d’Aide Humanitaire Européennes (DG ECHO), l’Egypte accueille plus de 289 000 réfugiés enregistrés, dont environ 38% sont des enfants. Le nombre de mineurs isolés étrangers augmente également.
Si les Syriens restent le groupe le plus important (environ 50%), une augmentation des réfugiés d’Afrique subsaharienne a été constatée en 2019, en raison des conflits et de l’instabilité dans la corne de l’Afrique. En 2022, ces derniers arrivent notamment du Soudan (20%), Soudan du Sud (env. 8%), Erythrée (env. 8%) et Ethiopie (5%) d’après la DG ECHO. Seuls les réfugiés syriens et quelques autres nationalités ont accès à l’éducation publique et aux services de santé au même niveau que les ressortissants égyptiens.
Le contexte économique et social difficile affecte la situation des réfugiés et des demandeurs d’asile. Ces derniers sont touchés par la hausse des prix, des possibilités d’emploi très limitées, des préjugés envers certaines nationalités et une détérioration générale de l’environnement sécuritaire en raison de l’instabilité politique. Les personnes exilées font également face à un fort racisme et taux d’agression en Egypte.
Quelles actions sont prévues ?
L’équipe française, composée de Val (directrice artistique et clown), Sofi (clown), Olivier (accordéoniste) et Achil logisticien), rejoindra l’équipe égyptienne composée de 5 artistes locaux, Noha, Selim, Sika, Doudou et Ali afin de redynamiser le collectif d’Outa Hamra. Il s’agit d’une collaboration de long terme, puisque CSF intervient en Egypte depuis 2009 et a accompagné les Outa Hamra de 2015 à 2017. Ces derniers ont même intégré l’équipe artistique d’un projet régional de coopération artistique en Ethiopie.
>> Découvrez le témoignage de deux artistes d’Outa Hamra
Les artistes français et égyptiens co-créeront un spectacle avec des artistes égyptiens au Caire.
Le spectacle sera présenté aux personnes en situation de précarité dans la région et les quartiers informels du Caire, ainsi qu’à Alexandrie. En tout, 14 représentations sont prévues durant cette tournée auprès de nombreux enfants en situation de rue.