Pour la première fois de son histoire, CSF est intervenu au Sénégal du 21 août au 9 septembre 2018 dans les régions de Dakar, de Kaolack et de Thiès. Après une mission de repérage en avril pour rencontrer les partenaires et les artistes locaux, l’équipe a proposé des spectacles et des ateliers aux enfants des rues et aux enfants protégés par la justice.
Le Sénégal a un des Indices de Développement Humain (IDH) les plus faibles au monde atteignant la 170 ème place sur 188 pays. Malgré une stabilité politique favorable aux investissements et au développement, le pays arrive difficilement à suivre la croissance démographique des quinze dernières années (+3,5% par an selon la Banque Mondiale). L’ONU estime par ailleurs que plusieurs régions notamment du Nord-Est et du Sud-Est sont en situation de crise alimentaire.
Les enfants des rues, une préoccupation majeure
Dans les zones urbaines, les enfants en situation de rue représentent un enjeu majeur. Malgré le lancement en 2016 par le gouvernement d’un plan national de lutte contre la mendicité avec un retrait progressif des enfants des rues, la situation reste préoccupante. Beaucoup d’enfants touchés par ce phénomène sont des enfants talibés, enfants placés par les familles dans des écoles coraniques ou « daaras ». Bien qu’une petite partie soit forcée à mendier par leurs maîtres coraniques (appelés marabouts), Human Rights Watch en dénombrait 50 000 dans la rue en 2010. Avec des journées ponctuées par l’étude du Coran et des périodes de mendicités, ces enfants peuvent être soumis à des châtiments s’ils ne parviennent à rassembler le quota journalier généralement fixé entre 500 et 2000 francs CFA (entre 1 et 4 dollars). Ce phénomène qui touche toute l’Afrique de l’Ouest est lucratif et il est estimé que près de 8 millions de dollars sont récoltés par les 30 000 enfants talibés de la région de Dakar chaque année.
Des enfants vulnérables aux violences physiques et sexuelles
Les enfants talibés sont fortement touchés par les agressions physiques et sexuelles. Difficultés à retenir des versets du Coran ou trop peu d’argent rapporté, les occasions sont nombreuses pour qu’ils reçoivent une punition. De nombreux cas de mises en chaînes et de passages à tabac parfois mortels ont été recensés par Human Rights Watch.
Plus généralement, la vie dans la rue rend les enfants très vulnérables aux violences physiques et sexuelles, tout comme aux accidents de la circulation.
Même si la situation persiste, une prise de conscience collective sur cette situation émerge et de plus en plus d’officiers de police et d’habitants dénoncent ces maltraitances. Les signalements sont plus fréquents et ont conduit à des arrestations et à des poursuites bien que peu ont été condamnés par la suite.
Clowns Sans Frontières au Sénégal
Soutenu par le Ministère de la Justice du Sénégal ainsi que de nombreuses ONG sur le terrain (Samu Social Sénégal, Empire des Enfants, Village Pilote, Plan International Sénégal, SOS Villages d’Enfants Sénégal et Djarama), Clowns Sans Frontières intervient au Sénégal pour proposer des ateliers et spectacles artistiques aux enfants des rues ou enfants protégés par la justice. Avec un mélange atypique entre arts du cirque et arts urbains comme le slam, le graff et le beatbox, l’équipe a bien marqué les esprits. Des liens ont été créés avec des artistes sénégalais de Sencirk et d’Africulturban dans le but de pérenniser l’action de CSF dans le pays et d’échanger sur les pratiques.
Cette intervention a été possible grâce au soutien financier de la Fondation Pierre Bellon, de l’Ambassade de France au Sénégal et de l’Institut Français du Sénégal.