Témoignages

Interview de Espérance Minart de la Timmy

Espérance Minart, responsable de la TIMMY, association d'aide aux mineurs isolés, nous explique leurs actions et l'intérêt du partenariat avec CSF

Les actions de la TIMMY

Depuis 2015, la TIMMY accompagne des mineurs isolés étrangers en attente d’une prise en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance. Un grand nombre d’entre eux doit subir de longues procédures et vivre dans la rue pendant des mois, sans protection, sans aucun suivi éducatif, désoeuvrés et exposés à tous les dangers. Nous les aidons sur divers besoins : hébergement citoyen ou en hôtel, équipement de première nécessité, nourriture, accompagnement juridique et administratif, accès aux soins, à la scolarisation, activités tous les dimanches, sorties ponctuelles en semaine, projets éducatifs annuels. Nous organisons aussi des actions de sensibilisation et alertons les pouvoirs publics sur la situation de ces jeunes. Notre équipe est bénévole et travaille en partenariat avec de nombreux autres acteurs associatifs, sociaux ou institutionnels. La TIMMY a accompagné plus de 1500 mineurs et jeunes majeurs exilés depuis sa création. 

Des activités essentielles au soutien

Ces adolescents ne connaissent personne à Paris, ils ont besoin de se créer des liens sociaux pour se sentir intégrés, acceptés, reconnus, mais aussi de reprendre confiance en eux. La plupart ne sont pas scolarisés, et sont désœuvrés, ce qui les plonge parfois dans une mélancolie dangereuse, accompagnée d’un sentiment d’inutilité, d’échec, d’ennui, voire d’invisibilité. C’est pourquoi les activités socio-culturelles ont une importance capitale dans le soutien que nous pouvons leur apporter, et nous les choisissons avec beaucoup de précautions. Les interventions proposées par CSF correspondent en tous points à ce que nous recherchons.

L’ambiance des ateliers de Clowns Sans Frontières

L’humanité des personnes intervenantes est essentielle, et la bienveillance des animateurs de CSF met rapidement ces jeunes en confiance. Ils se sentent accueillis et respectés, ce qui est fondamental dans un quotidien jalonné de rejets de toutes sortes, de trahison parfois, de solitude souvent. Ils n’ont à aucun moment le sentiment d’être jugés, ni dans leurs capacités physiques, ni dans leur apparence, ni dans leur situation particulière, et peuvent redevenir des enfants comme les autres qui sont là pour apprendre, partager, jouer…

Le contenu des ateliers proposés

Les ateliers proposés par CSF permettent également aux jeunes d’aborder le rapport à leur corps sans même s’en rendre compte. Beaucoup ont été physiquement maltraités et ont du mal à se mouvoir librement, à s’accepter tels qu’ils sont, à évoluer dans l’espace, à exprimer ce qu’ils ressentent par des gestes, des mouvements. Les exercices sont variés et leur exécution demande à la fois de la concentration, mais aussi un lâcher prise pour leur permettre de libérer des sentiments souvent contenus. En quelques dizaines de minutes, les exercices peuvent révéler des angles de leurs personnalités inattendus avec des résultats parfois magiques. Tous les exercices sont basés sur le partage, l’entraide, l’écoute de soi et de l’autre, ce qui leur permet de se reconnecter d’une manière positive à l’autre, et par ce biais à eux-mêmes. Cela leur permet aussi de ne pas être dans un climat de compétition mais de dépassement ou d’épanouissement de soi.

Nous observons à chaque fois une évolution étonnante des jeunes entre le début et la fin de ces ateliers. Ils arrivent souvent assez dubitatifs, hésitants, parfois peu motivés comme beaucoup d’adolescents. Tous, sans exception, ressortent avec le sourire, l’envie de continuer, remplis d’énergie, avec le sentiment d’avoir appris quelque chose de concret, sentiments dont ils tirent une fierté visible est très constructive dans leur quotidien de doutes et de frustrations.

Au delà de tout ce que ces moments apportent aux jeunes, l’intelligence humaine des équipes de CSF en font l’un de nos partenaires privilégiés, car nous sommes certains d’agir ensemble dans un seul et unique but commun, le bien de ces jeunes exilés. Nous espérons que chacun pourra s’enrichir de ces échanges aussi longtemps et souvent que possible.