Clowns Sans Frontières se mobilise aux côtés de 18 ONG de protection de l’enfance au sein du Groupe Enfance afin de promouvoir les droits de l’enfant et de favoriser leur effectivité à travers le monde. 30 ans après l’adoption de la Convention internationale des droits de l’enfant, le groupe fait le point sur la prise en compte de ces droits dans la politique internationale de la France dans une note de positionnement. Face à l’urgence, le Groupe enfance appelle les pouvoirs publics à agir dès maintenant à travers cinq recommandations.
Clowns Sans Frontières, membre du Groupe Enfance
Engagé au sein du Groupe Enfance de la Coordination Humanitaire et Développement (CHD) depuis 2018, Clowns Sans Frontières y a adhéré formellement en 2019. Le groupe, composé de 18 ONG mobilisées pour la défense des droits de l’enfant à l’international dont SOS Villages d’Enfants, Plan International ou Vision du Monde, est convaincu qu’une attention constante aux enfants et à leurs droits constitue un levier puissant pour amorcer un cercle vertueux vers l’atteinte des objectifs de développement durable et la paix. Depuis janvier 2019, le Groupe Enfance est cofinancé par l’Agence Française de Développement (AFD) qui le soutient dans la réalisation de ses missions visant à une meilleure contribution de la France à l’effectivité des droits de l’enfant à l’international.
Afin de mettre cette conviction en pratique, le Groupe Enfance se mobilise de trois manières :
- Influencer les décideurs politiques via des actions de plaidoyer ciblées ;
- Renforcer les capacités des acteurs de la solidarité internationale par le biais d’échanges de pratique réguliers ;
- Sensibiliser et mobiliser le grand public à la réalisation des droits de l’enfant.
L’échange avec les autres membres du groupe donne l’opportunité à Clowns Sans Frontières de collaborer avec des structures aux valeurs communes, de tisser de nouveaux partenariats et de faire évoluer ses propres pratiques afin d’intégrer une approche par les droits de l’enfant dans toutes ses activités. Le partage du plaidoyer de CSF en faveur du droit à l’enfance et de l’intégration de la culture comme vecteur de soutien psychosocial dans le travail de développement permet également d’y sensibiliser d’autres acteurs de la solidarité internationale.
En avril 2020, CSF s’est engagé à co-piloter, aux côtés de l’ONG Aide et Action, le groupe de travail sur la communication et est ravi de participer plus activement à la vie du collectif en favorisant la diffusion de ses valeurs au grand public et aux professionnels du secteur.
La Convention internationale des droits de l’enfant, un traité juridiquement contraignant
La Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE), adoptée par les Nations Unies le 20 novembre 1989, est le traité international le plus ratifié de l’Histoire. Juridiquement contraignante, la CIDE demande à tous les Etats l’ayant adoptée de faire en sorte d’assurer l’effectivité des droits de l’enfant, et d’assurer leur protection et leur participation aux décisions qui les concernent. Les Etats doivent agir pour les enfants à l’intérieur de leur pays ainsi que pour ceux des autres pays disposant de ressources plus limitées. La CIDE est fondée sur quatre principes directeurs qui doivent s’appliquer à tous les enfants sans exception : le droit à la vie, à la survie et au développement, la non-discrimination, l’intérêt supérieur de l’enfant et la participation.
L’intégration des droits de l’enfant dans les plans stratégiques, programmatiques et budgétaires a de nombreux impacts positifs et présente un investissement efficace vers le développement durable, la justice sociale, l’égalité et la paix de toute société. Une approche basée sur les droits de l’enfant exige donc que les programmes étant mis en œuvre par les acteurs de la solidarité internationale soient centrés sur la réalisation des droits des enfants ; cette approche devrait être considérée comme une priorité par tous les Etats dans le cadre du respect de la CIDE.
30 ans après la ratification de la CIDE, où en sommes-nous ?
L’année 2019 marquait le 30ème anniversaire de la CIDE et pourtant, l’effectivité des droits en France et à l’international est encore incertaine, voire inégale dans certains domaines d’application. Pour en faire un état des lieux, le Groupe Enfance a rédigé une note de positionnement sur la prise en compte des droits de l’enfant dans la politique internationale de la France.
En France, malgré quelques engagements des pouvoirs, les enfants ne font pas l’objet d’une attention affirmée dans les axes stratégiques de l’AFD ou du Ministère des affaires étrangères et aucun gouvernement français n’en a fait une priorité politique jusqu’ici.
Aujourd’hui, les enfants et leurs droits sont encore trop peu respectés à travers le monde et les chiffres sont préoccupants :
- 1 enfant sur 4 dans le monde vit dans un pays en conflit ou ravagé par des bouleversements majeurs [1] ;
- Près de 50 millions de filles et de garçons ont dû fuir de chez eux en raison de violences, de la pauvreté ou de catastrophes naturelles [2] ;
- 12 millions de filles sont mariées chaque année dans le monde [3] ;
- 258 millions d’enfants et d’adolescents n’avaient pas accès à l’école en 2018 [4].
Et selon l’Unicef, si la tendance des 15 dernières années venait à se poursuivre pendant les 15 années à venir, les conséquences pourraient être désastreuses pour les enfants dans le monde[5].
Or, comme le rappelle la CIDE, la communauté internationale a une responsabilité collective envers eux.
Recommandations du Groupe Enfance à la France
Face à ce constat, il est impératif de mettre les droits de l’enfant au cœur des politiques publiques de la France, en particulier de sa politique internationale, et d’en assurer l’effectivité dès aujourd’hui.
Dans sa note de positionnement, le Groupe Enfance appelle les pouvoirs publics à s’engager dès à présent et émet 5 recommandations pour une meilleure effectivité des droits :
- Consacrer les droits de l’enfant comme une priorité transversale de la politique de coopération et de solidarité internationale de la France, tant dans le cadre législatif et stratégique que dans le renforcement de la culture institutionnelle en faveur des droits de l’enfant ;
- Soutenir la société civile, les organisations œuvrant dans le champ de l’enfance et de jeunesse et les enfants et les jeunes défenseurs de leurs droits dans les pays partenaires pour favoriser leur participation effective dans la co-construction des politiques publiques et dans leur suivi ;
- Accroître la participation des parlementaires au suivi des engagements de la France en matière de droits de l’enfant à l’international ;
- Promouvoir la CIDE et l’approche basée sur les droits de l’enfant dans la diplomatie française ;
- Adopter, à l’instar du marqueur « genre », un marqueur « droits de l’enfant » dans les projets de coopération internationale de la France.
Pour en savoir plus sur le Groupe Enfance :
- Site web : https://www.groupe-enfance.org/
- Facebook : https://www.facebook.com/GroupeEnfance/
- Twitter : https://twitter.com/GroupeEnfance
[1] Action humanitaire pour les enfants en 2018, UNICEF, 2018
[2] Ibidem
[3] Mariage précoce : des millions de filles sauvées en dix ans, UNICEF, 05/03/2018
[4] L’UNESCO donne l’alerte : si des mesures urgentes ne sont pas prises, 12 millions d’enfants n’iront jamais à l’école
[5] L’égalité des chances pour chaque enfant, Unicef, 2016