Du 4 au 10 juillet 2022, deux artistes de CSF, Pierrette et Emmanuelle, se sont rendues en Roumanie, à l’invitation de l’association Parada, pour proposer des ateliers artistiques aux familles ukrainiennes réfugiées juste de l’autre côté de la frontière. Les artistes sont également intervenues à Bucarest dans un centre d’accueil pour jeunes et adultes en situation de handicap.
Ce projet avait un double objectif : proposer des interventions artistiques aux personnes souffrant d’isolement dû à l’exil ou à la situation de handicap d’une part, et, d’autre part, faire des repérages pour éventuellement développer un projet d’intervention plus long en collaboration avec Parada en améliorant notre connaissance du terrain.
DANS QUEL CONTEXTE SONT INTERVENUS LES ARTISTES ?
Selon les Nations Unies, près d’un tiers de la population ukrainienne a été forcée de quitter son foyer depuis le début de l’invasion russe. Aujourd’hui, plus de 6,2 millions d’ukrainiens sont déplacés à l’intérieur du pays. L’UNHCR estime que plus de 5,4 millions de réfugiés sont présents en Europe, et que plus de 3,5 millions de réfugiés ukrainiens se sont inscrits pour bénéficier d’une protection temporaire ou d’un régime de protection national similaire en Europe.
La Roumanie partage 600km de frontière avec l’Ukraine, au nord et au sud-ouest du pays. Plus de 900 000 réfugiés ukrainiens ont transité par ce pays : 110 000 d’entre eux sont restés dans le pays à ce stade, dont 36 000 enfants. Un défi pour les autorités de ce pays membre de l’Union européenne, mais pas de l’espace Schengen.
La plupart d’entre eux font étape dans les grandes villes, comme à Bucarest, où chaque jour, une dizaine de trains en provenance du Nord, de l’Est et du Sud-Est de la Roumanie les emmènent dans la capitale. D’autres exilés traversent le Danube en barge depuis le sud-ouest de l’Ukraine, fuyant les districts de Mykolaïv et Odessa, jusqu’à la ville portuaire d’Isaccea, qui se trouve à 40km de Tulcea. Au début de la guerre, plusieurs milliers d’Ukrainiens affluaient chaque jour à Isaccea, en grande majorité des femmes et des enfants.
Comment s'est déroulée l'intervention ?
Emmanuelle et Pierrette ont pu proposer 6 ateliers à Tulcea, ville proche de la frontière avec l’Ukraine, et Bucarest auxquels ont participé près de 100 enfants et adultes.
Certains enfants bénéficient déjà d’ateliers de jonglerie et acrobatie proposés par Parada mais globalement les 2 artistes de CSF ont pu observer le manque d’activité et d’occupation sur ces lieux d’hébergement pour les familles ukrainiennes. Principalement composées de maman et d’enfants, elles sont livrées à elles-mêmes avec très peu d’encadrement proposé.
Les interventions de Pierrette et Emmanuelle sont venues rompre l’ennui et la lassitude de leur quotidien. Les enfants qui suivaient encore jusqu’à fin juin des cours en ligne, n’ont désormais, pendant la période de vacances, plus aucune sollicitation extérieure… Pierrette et Emmanuelle les ont donc embarqués dans un refuge imaginaire fait de musique et jeux clownesques !
Afin de rentrer en contact avec les familles ukrainiennes ou les personnes en situation de handicap, les 2 artistes ont en effet principalement utilisé musique, chant, ukulélé notamment, pour contourner la différence de langue. De nombreuses Ukrainiennes ont chanté la chanson en ukrainien apprise par Pierrette et Emmanuelle. Elles ont exprimé le bonheur de chanter ensemble mais aussi toute la nostalgie qu’elles ont pour leur pays.
A Bucarest, auprès des jeunes et adultes gravement handicapés, Pierrette et Emmanuelle sont intervenues avec beaucoup de finesse afin de partager un moment de joie et de douceur, avec l’aide des aides-soignantes très impliquées dans l’accompagnement de ces personnes fortement dépendantes.
Enfin, la plupart de ces interventions ont été réalisées en collaboration avec 3 artistes de Parada qui sont présents depuis presque le début de la guerre en Ukraine pour proposer des ateliers de cirque aux enfants ukrainiens de Tulcea. Une très belle rencontre a eu lieu entre les artistes des deux structures qui ont, entre autres, pu échanger sur leur méthode d’intervention.