Des ateliers de pratiques artistiques sont réalisés depuis le mois d’avril auprès d’enfants et de jeunes issus de bidonvilles, en partenariat avec l’association ACINA. Du 24 au 28 avril, Chloé et Sofi, deux artistes de Clowns Sans Frontières se sont rendues à Saint-Ouen-l’Aumône dans le Val d’Oise. Une seconde intervention artistique est en cours jusqu’au 12 mai, à Grigny en Essonne.
Quelle est la situation du public touché par ce projet ?
Ce projet s’adresse à deux groupes d’enfants vivant dans des bidonvilles en Ile-de-France, issus de la communauté Rom, originaires de Roumanie pour la majorité d’entre eux.
En 2022, c’est plus de 25 000 personnes qui vivent dans des squats et bidonvilles sur le territoire métropolitain. Selon le Dihal, il y a aujourd’hui un peu moins de 12 000 ressortissants européens –essentiellement de Roumanie et de Bulgarie – dans des lieux de vie informels en métropole. On constate une hétérogénéité de parcours et d’aspirations des personnes présentes dans les squats et bidonvilles en France. La majorité des habitants des bidonvilles est de nationalité roumaine, mais on y rencontre également des Bulgares ou des ressortissants d’ex-Yougoslavie. Parmi ces personnes, une majorité se reconnaît comme appartenant à une culture rom.
La reformation de bidonvilles dans les années 1990 est liée à plusieurs événements dont la chute des régimes communistes en Europe de l’Est puis à la guerre en ex-Yougoslavie, qui mènent de nombreuses personnes à rechercher une vie meilleure en Europe de l’Ouest. Quand ils arrivent en France, la saturation du marché du logement et des dispositifs d’hébergement explique la solution de l’habitat précaire en squat et en bidonville. Ce type d’habitat résulte donc d’une précarité matérielle et non d’un mode de vie lié à un prétendu nomadisme.
Une étude réalisée par l’association Les Enfants du Canal, révèle la soif insatiable de « vie normale » des Roms migrants qui vivent à la lisière de nos villes. Les 24 jeunes en service civique de l’association ont interrogé 119 personnes vivant dans sept bidonvilles répartis en Île-de-France. L’échantillon permet d’abattre tous les clichés visant la première minorité d’Europe : Non, les Roms n’aiment pas vivre en bidonville, ils n’aiment pas être nomades et ils ne font pas la manche par choix. Ils sont 95 % à déclarer vouloir occuper un travail salarié. Huit sondés sur dix souhaitent s’installer définitivement en France (86 %). Une proportion similaire espère vivre dans une maison ou dans un appartement.
Quelles activités leur ont été proposées ?
A Saint-Ouen-l’Aumône, l’intervention artistique a débuté par la présentation d’un numéro de théâtre gestuel par Sofi. Durant la semaine, ce sont 38 enfants, âgés de 2 à 14 qui ont pu s’initier au théâtre gestuel, jeux corporels, mime, et travail autour des émotions, sous une tonnelle montée pour l’occasion. En fin de journée, tout le monde se réunissait pour un atelier de fabrication d’éléments de costume (chapeaux, masques) et éléments de décor (guirlande, dessins pour habiller la tonnelle).
Le dernier jour, les enfants se sont préparés pour une grande déambulation dans le Platz. Chacun.e s’est fait maquiller, avec l’aide des travailleuses sociales d’ACINA et de l’association Ecole et famille, et a enfilé son petit chapeau confectionné durant la semaine. La joyeuse troupe s’est ensuite lancée pour une déambulation en musique, guidée par Chloé et Sofi, sous l’œil curieux des personnes présentes sur place. Les enfants ont particulièrement aimé ce moment, et ont souhaité le faire une seconde fois. Après un temps de goûter, petits et grands ont pu assister à une nouvelle représentation clownesque de Sofi. Les rires fusaient sous la tonnelle !
Notre action auprès d’enfants issus d’un bidonville à Grigny est en cours, sous le chapiteau de la compagnie Les Frères Kazamaroffs. On vous en dit plus très prochainement !
En savoir plus sur notre partenaire ACINA
ACINA – Association Accueil, Coopération, Insertion pour les Nouveaux Arrivants est une association de lutte contre l’exclusion. Elle agit auprès des nouveaux arrivants (migrants intracommunautaires, réfugiés…) qui vivent en situation de grande précarité et de mal-logement en Île-de-France.
L’association, créée en réponse à un besoin en partie non-pourvu en matière d’accompagnement adapté, de proximité, des nouveaux arrivants en situation de mal-logement, s’est donnée pour mission d’agir en faveur de l’inclusion socioprofessionnelle de ces publics.